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Un petit groupe d'expatriés français à Londres qui discutent, échangent, débatent une fois par mois sur des sujets socio-econonomico-culturo-politico-intellectuels. Les débats du club COGITO se veulent ouverts, amicaux, sincères, et animés.

dimanche 3 juillet 2011

Peut-on encore compter sur le Nucléaire?

Le nucléaire fournit 6% de l’énergie du monde et 13-14% de son électricité. Les USA, la France et le Japon représentent à eux trois, 50% de la production. Cette source d’énergie suscite beaucoup de réactions, souvent virulentes, mais peu de débat, tout du moins en France. Les récents événements au Japon ont certes relancé la polémique dans les médias et le prêche anti-nucléaire chez les convertis, mais sans que ni le gouvernement, ni le principal parti d’opposition, ne jugent nécessaire d’engager une discussion publique sur le bienfondé de la politique énergétique française. La France semble au contraire camper sur ses positions stratégiques, alors même que l’Allemagne annonce tirer un trait définitif sur l’atome. Partout ailleurs, dans le monde développé comme dans l’émergent, on s’interroge plus ou moins ouvertement. Peut-on encore compter sur le Nucléaire ?

Les avocats du pour invoqueront le déclin des énergies fossiles traditionnelles face aux besoins inéluctables en énergie liés notamment à la croissance des pays émergents mais aussi à nos modes de vie modernes, plus gourmands en énergie chaque année. Face à cette demande exponentielle, les nombreux efforts de maitrise des dépenses énergétiques ou le développement des énergies renouvelables ne suffiront pas à combler le manque. Le nucléaire devient alors indispensable au portefeuille énergétique mondial. Le nucléaire présente également un excellent bilan carbone ce qui en fait une énergie propre en comparaison des énergies fossiles. Enfin, les risques des centrales modernes sont bien mieux maitrisés qu’avant, et sans doute moins bien que demain. C’est bien là l’objet du progrès scientifique.

Pourtant il y a eu Tchernobyl, et plus récemment Fukushima. Les risques associés aux centrales nucléaires ne sont et ne seront jamais parfaitement maitrisés. Il y aura toujours un tremblement de terre, un régime politique qui s’effondre, ou un avion qui s’écrase pour déclencher des catastrophes qui, dans le cadre du nucléaire, sont rapidement démesurées et dramatiques. Les opposants au nucléaire estiment que le nucléaire est un danger pour la population et qu’en aucun cas il ne serait raisonnable de prendre de tels risques. De plus, sans même parler d’accident, on ne maitrise pas le traitement des déchets radioactifs, qui représentent à eux seuls une menace pour l’environnement et pour les générations futurs. L’uranium n’est pas non plus inépuisable, alors pourquoi poursuivre une voie risquée et extrêmement consommatrice en capital ?

Et vous qu’en pensez-vous ?

Pierre et Tristan

4 commentaires:

  1. Donc si on reprend les elements: le nucleaire, energie polluante, epuisable, et potentiellement dangereuse a grande echelle...
    La question est:
    - techniquement et financierement le desengagement est-il possible?
    - pour quelle alternative?

    Julie

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  2. http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/energie-environnement/actu/0201497193061-nucleaire-besson-lance-un-exercice-de-prospective-191765.php

    Emilie

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  3. En réponse a Julie:

    « Polluant »: non justement, le nucléaire ne l’est pas, ou extrêmement moins que les autres formes de génération d’électricité (charbon, gaz) qui relâchent beaucoup plus de CO2 dans l’atmosphère. Certes le nucléaire fabrique des déchets, mais ils ne sont ni volatiles ni très conséquents en taille. Sans être un problème simple, la gestion des déchets est aujourd’hui assez efficace, avec toujours la solution du stockage.

    « Epuisable »: non plus. Les centrales modernes vont pouvoir utiliser un type d’uranium beaucoup plus répandu.

    « Potentiellement dangereuse »: oui, peut-être, mais le risque zéro n’existe pas et il faut toujours raisonner en relatif par rapport aux alternatives. Car s’il est raisonnable de penser que les économies d’énergie ne vont pas faire reculer la demande de manière significative, il s’agit de remplacer le nucléaire par autre chose. Encore une fois les risques liés à l’émission de CO2, au réchauffement de la planète, sont à mettre en balance avec les risques des centrales nucléaires. Certes il y a eu Tchernobyl et Fukushima, mais les conséquences sont beaucoup moins importantes que dans le fantasme populaire. Les chiffres officiels de l’OMS sont de 4000 morts à Tchernobyl. Ces chiffres sont peut-être sous-estimés, mais l’ordre de grandeur est probablement de dizaine de morts dans un scénario de gestion catastrophique de la sécurité nucléaire, somme toute, très évitable à l’ avenir. Combien de morts sont attribués au réchauffement climatique (sécheresses, inondations, etc.) dont les énergies fossiles sont directement responsables ? A ce jour, l’accident nucléaire Fukushima n’a encore fait aucune victime …

    Tristan

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  4. Sortir du nucléaire d'un coup de baguette magique est certes impossible. Cependant, l'alternative qui serait de le développer davantage à cause de ses qualités (moins d'émissions carbone, plus de réserves nucléaires, sécurité mieux assurée) sans changer de stratégie malgré Fukushima me semble effrayante.

    Plus on aura de nucléaire dans le monde, plus les Tchernobyl et les Fukushima seront fréquents surtout quand on pense que des centrales sont construites dans des pays non démocratiques ou corrompus. Les dégâts des accidents nucléaires détruisent des parties de la planète sur plusieurs genérations. Aucune oeuvre de l'homme ne nous avait autant rapproché de l'apocalypse et le nier consisterait à reporter un problème grave et déléguer une épée de Damoclès aux générations futures.

    Je pense qu'il faut investir dans les énergies renouvelables et les technologies qui font baisser la consommation en énergie plutôt qu'accepter la hausse de la consommation comme une fatalité. Les pays Occidentaux devraient chercher à éviter au moins une augmentation plus forte de la dépendance à un nucléaire qui est certes efficace mais beaucoup trop dangereux à long terme pour l'avenir de la planète.

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